Historique

L'origine de cette bretelle semble remonter à Ebles de Turenne, prieur du monastère St Martin de Tulle. De 1105 à 1802, Rocamadour appartenait à l'Évêché Tulle (en 1237 il lui rapporte 140 000 sous). De 1112 à 1152 Ebles s'installe à Rocamadour et développe le Pèlerinage. Géraud d'Escorailles poursuit et amplifie cette tâche de 1152 à 1188.Tulle aurait développé cette bretelle pour faciliter le passage des Pèlerins de St Jacques par Rocamadour. En 1181, Alphonse VIII , roi de Tolède et de Castille, donne à Tulle-Rocamadour deux possessions en Espagne: Orbanella (Orbaneja) , et Hornillos del Camino qui est actuellement un point de passage important sur le « Camino Frances ».

Douze moines de Tulle et Rocamadour y accueillaient les pèlerins. Tout au long de cette Voie, des témoignages jacquaires vous rappellent le passage de vos prédécesseurs: villages, églises, chapelles, hospitaux St Jacques, coquilles, chemins des roumieux...
Vous allez découvrir des paysages insoupçonnés: la Creuse, le Pays de Vassivière, le Plateau de Millevaches, les Monédières, le Bas-Limousin et le Haut-Quercy, la Vallée de la Dordogne. Des lieux superbes vous y accueillent: Bénévent, Bourganeuf, Eymoutiers, Corrèze, Tulle, Aubazine, Collonges la Rouge, Martel et bien sûr Rocamadour sans compter tous les petits villages moins connus mais ayant chacun son caractère.

 

Traces esthétiques musulmanes le long du Chemin


Dès la fin du XIe siècle, avec l’institutionnalisation des routes vers Compostelle, un important programme de construction va voir le jour, témoignage de l’incessant va-et-vient qui se produit entre la Péninsule Ibérique et la France, de la circulation d’objets qui pourront être islamiques, en raison de la proximité géographique de cette civilisation, que ce soient des ivoires, des tissus, ou bien des pièces de jeu d’échecs en cristal de roche. Ils venaient tous de cette région de l’« entre-deux », qu’ils soient d’origines andalouse ou orientale. C’est ainsi qu’on peut trouver dans les édifices religieux romans entre Bénévent-l’Abbaye et Rocamadour, différentes traces de ces échanges, de ces emprunts, de ces héritages multiples, puisque l’art musulman, lui-même, fut, parfois, inspiré par l’art byzantin.Il en est ainsi à Tulle ou Collonges la Rouge où l’on peut admirer, entre autres, des portails polylobés. Il en est de même à Bénévent-l’Abbaye, sans oublier, pour cette abbatiale, les bas-côtés étroits à arcs brisés rappelant l’intérieur d’une mosquée. Le culte des reliques, très important à cette époque, entraîna une extraordinaire rivalité entre communautés religieuses. Il est à l’origine de la construction de châsses pour héberger lesdites reliques, comme à Gimel, non loin de Corrèze, où l’objet est recouvert de métal repoussé au décor semblable à celui des plats artisanaux toujours fabriqués au Maroc. Et il doit être fait mention d’Aubazine dont l’abbatiale cistercienne Saint-Etienne possède des vitraux en grisaille dont l’un est inspiré de la transenne d’un palais omeyyade de Syrie. Il ne faut jamais perdre de vue que les chemins parcourus aujourd’hui le sont depuis qu’il y a des hommes sur ces terres et que toutes les influences s’y sont croisées, pénétrées et métamorphosées.