Montcabrier - Thézac

Lors de cette étape, nous achevons la très belle traversée du département du Lot. Le chemin de Compostelle évite avec raison la ville de Fumel pour garder son vagabondage à travers le calme de la campagne et de ses petits villages. La vallée du Lot imprime sa marque avec des cultures plus riches mais on retrouve rapidement l’influence des causses dès que le chemin reprend de la hauteur. Les paysages évoluent peu entre forêts de chênes et champs cultivés. La vigne a fait son apparition de chaque côté de la vallée où l’influence du terroir du vin de Cahors atteint ses limites. Le patrimoine bâti est toujours modeste mais reste intéressant et la curiosité du pèlerin est toujours mise à contribution : bien des églises charmantes apportent leur architecture et leur histoire propre. En cours de journée, vous entrez dans le Lot-et-Garonne et ce soir, vous dormirez au calme dans le petit village de Thézac, de pierre blanche vêtu et entouré de vignes.

HORS CHEMIN : LE CHÂTEAU DE BONAGUIL

À l'entrée de Saint-Martin-le-Redon, à droite un chemin mène par-delà le coteau au château de Bonaguil. Il n'est qu'à trois quarts d'heure, mais sa visite peut prendre la journée. On ne saurait cependant l'ignorer. Perché parmi les bois sur un piton d'une vallée encaissée, il est, avec ses 350 m de pourtour, ses treize tours, ses courtines, ses créneaux, ses pont-levis, l'un des plus beaux châteaux forts de France et des mieux conservés. Présentant, un siècle avant Vauban, une barbacane entre deux fossés, construit de 1480 à 1520 sur les restes d'une forteresse du xiiie siècle. Il offre un bon exemple de l'architecture militaire au temps des bouches à feu. Le baron Béranger de Roquefeuil qui l'avait édifié voulait pouvoir résister tant aux Français qu'aux Anglais. De fait, son château, toujours habitable, ne fut jamais pris.

 

L'EAU MIRACULEUSE DE SAINT-MARTIN-LE-REDON

Village fleuri, maisons ocres faites de gros blocs, avec ça et là des terrasses couvertes nommées bolets, Saint-Martin-le-Redon a une petite église en partie romane. La source Saint-Martial, dont l'eau est mise en bouteille par une entreprise, était une fontaine consacrée : selon la tradition Martial, évêque de Limoges au iiie siècle, la fit jaillir pour la guérison des lépreux.

 

LE LOT À TOUZAC

On entre à Touzac en traversant le Lot sur un pont suspendu. Cette rivière aux rives fertiles permet mal d'imaginer aujourd'hui ce que fut jadis son importance économique. Des bateaux y acheminaient jusqu'à la vallée de la Garonne les productions du Rouergue (aujourd'hui l'Aveyron) et du Quercy. Pour faciliter leur navigation, les ingénieurs d'Aquitaine y aménagèrent des barrages dès le xiiie siècle afin de réguler l'eau avec des paissières, sortes d'écluses. Ces retenues d'eau alimentaient aussi un chapelet de moulins.

 

VILLE D'ORGUEIL, CITÉ ABOLIE

Entre Péchaussou et la Combe de Gaby, le GR contourne le site archéologique de Ville d'Orgueil. Il y eut là au bord du Lot, au xiie siècle, une cité et un château puissants. Mais, pendant la guerre de Cent Ans, le seigneur d'Orgueil ayant livré Puy l'Évêque aux Anglais, le comte d'Armagnac les rasa en représailles.

 

SALUT LA NOUVELLE AQUITAINE !

Peu après Gaby, notre tortueux chemin des écoliers franchit subrepticement une frontière : celle qui sépare le Lot du Lot-et-Garonne, c'est-à-dire aussi la région Occitanie de celle de La Nouvelle Aquitaine, où nous avançons désormais.